vendredi 30 octobre 2015

Gagner la Guerre, de Jean-Philippe Jaworski


De quoi ça parle ?

« Au bout de dix heures de combat, quand j'ai vu la flotte du Chah flamber d'un bout à l'autre de l'horizon, je me suis dit : «Benvenuto, mon fagor, t'as encore tiré tes os d'un rude merdier». Sous le commandement de mon patron, le podestat Leonide Ducatore, les galères de la République de Ciudalia venaient d'écraser les escadres du Sublime Souverain de Ressine. La victoire était arrachée, et je croyais que le gros de la tourmente était passé. Je me gourais sévère. Gagner une guerre, c'est bien joli, mais quand il faut partager le butin entre les vainqueurs, et quand ces triomphateurs sont des nobles pourris d'orgueil et d'ambition, le coup de grâce infligé à l'ennemi n'est qu'un amuse-gueule. C'est la curée qui commence. On en vient à regretter les bonnes vieilles batailles rangées et les tueries codifiées selon l'art militaire. Désormais, pour rafler le pactole, c'est au sein de la famille qu'on sort les couteaux. Et il se trouve que les couteaux, justement, c'est plutôt mon rayon... »

Pour quel lecteur ?

« Plus le gâteau est gros et plus on a les crocs". Avec cette phrase, Benvenuto a résumé sa propre histoire. Car Gagner la guerre, c'est surtout se partager le butin: la gloire, l'influence politique, l'argent, la clientèle. Les vainqueurs se retrouvent comme des loups autour d'une carcasse. Une fois la guerre gagnée, il faut montrer les crocs, et parfois il faut même mordre, en visant la jugulaire. Léonide Ducatore est un des vainqueurs, mais pour lui une nouvelle guerre commence, pour devenir maître absolu de Ciudalia, ville d'intrigues, de démagogie et de voyous! Et pour cela Ducatore compte sur notre héros: Benvenuto ! Vous allez le détester, avoir pitié de lui, l'adorer...! Avec son langage fleuri, son bagou, son cynisme, il entraîne son lecteur dans le récit de ses aventures. Dès le premier chapitre, il vous surprend, et vous comprenez vite qu'il a toujours un tour d'avance sur vous! Du « crapule Fantasy » pure souche !

Pour survivre dans ce monde impitoyable (et ne pas finir avec un couteau dans le dos !) il faudra être sacrément Aventurier et être un lecteur Imaginatif. Mention spéciale pour les Durs-à-cuire, parce que Gagner la guerre taille dans le vif et n’hésite pas à faire couler le sang !

Ce roman est une pépite, que ça soit au niveau du style (recherché, effronté, mélange complexe entre une langue riche et un argot cynique) ou de l'histoire (tout en lutte de pouvoir, double jeu et d'un machiavélisme ahurissant)! Rajoutez des capes, des épées, des fantômes et de la magie noire, vous obtiendrez un des meilleurs romans de Fantasy que j'ai pu lire!

Règlements de compte, calculs politiques, magie noire, assassinats; je ne peux que vous inviter à plonger dans ce roman époustouflant! En vous conseillant tout de même d’avoir un sacré appétit de lecture, parce que ce gros bébé fait environ 1 000 pages !

C’est comme si Machiavel avait donné des cours de politique à Cyrano !

Retrouvez-moi su Babélio ici !

6 commentaires:

Moglug a dit…

Si tu aimes Jaworski, est-ce que tu as lu Stéphane Platteau avec Manesh ? Tu aimerais peut-être

Litteratruc a dit…

Je ne connaissais pas du tout! Je note précieusement le nom, parce que d'après les critiques Babélio ca a l'air de valoir le détour ! Merci :)

charmant-petit-monstre a dit…

Ah tiens ! Celui là je ne le connaissais pas (non pas que je me targue de TOUT connaître hein). Je le note, il me fait drôlement envie !

charmant-petit-monstre a dit…

Ah juste une question ! Je viens de voir sur Livraddict, il y a un précédent livre un tome 1, mais qui ne semble pas avoir beaucoup de rapport avec "Gagner la guerre". Tu l'as lu ? Faut-il absolument l'avoir lu pour s'attaquer à "Gagner..." ?

Litteratruc a dit…

Je pense que tu parles de Janua Vera? Je ne l'ai pas lu, a priori une des nouvelles qu'il contient est dans le prolongement du livre, mais Gagner la guerre se suffit à lui-même.

charmant-petit-monstre a dit…

Ah parfait ! Parce que j'avoue "Janua Vera" me tente moyen. Généralement, le genre des nouvelles me rebute un peu.