lundi 30 mars 2015

La Dame en Blanc de Wilkie Collins

De quoi ça parle ?
« Walter Hartright, un jeune professeur en art, vient en aide à une belle et mystérieuse femme toute de blanc vêtue. Il apprend peu après qu'il s'agit d'une folle échappée d'un asile. Le jour suivant, il se rend à Limmeridge House où il s'est vu offrir un emploi. Or, parmi ses nouveaux élèves, la jeune Laura Fairlie ressemble fort à la femme en blanc qu'il a déjà secourue...
Les Français avaient oublié ce roman, ancêtre de tous les thrillers, qui fascinait Borges et rendit jaloux Dickens. Il nous révèle une sorte de "Hitchcock de la littérature" : suspens, pièges diaboliquement retors, terreurs intimes, secrètes inconvenances - rien n'y manque. »
Pour quel lecteur ?
La Dame en Blanc fait partie de ces immenses classiques anglais du 19ème, et est souvent considéré comme un roman fondateur en matière d’intrigue policière et de thriller. Le raffinement de son écriture donne à cette œuvre le côté « so british » un peu désuet qu’on trouve chez une Jane Austen ou chez une Charlotte Brontë. Ce style, un peu plus travaillé que dans les autres œuvres de Wilkie Collins (est-ce parce que les autres œuvres que j’ai pu lire ont été écrites après ou au cours de ses périodes de grandes dépendances au laudanum ?) souligne à merveille l’aura qui se dégage de chaque ligne de ce roman mystérieux et un brin effrayant.
L’Historien pourra visiter les riches demeures aristocratiques de l’époque victorienne, et peaufiner son analyse des relations sociales et des codes de l’époque. La place donnée aux femmes  est assez intéressante quand on pense à l’époque à laquelle Wilkie Collins a écrit son livre : même si la plupart des femmes du livre sont envisagées comme de jeunes donzelles à la recherche d’un bon parti, et que les personnages masculins n’hésitent pas à les rappeler à l’ordre lorsqu’elles tentent de « sortir de leur rôle », le personnage principal est une femme au caractère bien trempé et qui fait preuve d’une bonne dose de courage…
Bien entendu, le Détective va adorer lire La Dame en Blanc : je n’ai pas compté le nombre de retournements de situation et de révélations qui émaillent le roman, mais croyez-moi, vous trouverez votre compte ! Wilkie Collins sait faire monter le suspens, et il sera difficile de reposer le roman avant de l’avoir terminé !
En résumé, pour les mordus des auteurs anglais et du 19ème siècle, il s'agira d'ajouter une œuvre incontournable à leur tableau de chasse, et pour les autres (les Détectives), il s'agira d'un véritable retour aux sources !
P.S: LeDévoreur ne sera pas le seul à venir à bout de ses quelques 500 pages. En plus d'être un des premiers romans policiers jamais écrit, il s'agit aussi d'un des premiers page-turners je crois  !


Un roman qui a rendu Charles Dickens jaloux !
Ma critique personnelle sur Babélio ? C’est par ici !

jeudi 26 mars 2015

Pourquoi devez-vous lire Richard III de Shakespeare

Tout d’abord, et c’est d’ailleurs le parfait prétexte pour vous en parler, parce qu’aujourd’hui, le 26 mars 2015, Richard III, dernier roi de la dynastie des Plantagenêt (c’est-à-dire d’une lignée ayant des origines françaises, hé oui!), a rejoint sa dernière demeure et a été inhumé à Leicester, pas moins de 530 ans après sa mort ! Pour ceux qui auraient besoin de se rafraîchir la mémoire, les ossements du roi ont été retrouvés en 2012 enterrés sous un parking.
La vie de Richard III soulève aujourd’hui encore pas mal de question, et beaucoup d’historiens tentent encore de démêler le vrai du faux, notamment en ce qui concerne les circonstances de son accession au pouvoir, et de l’assassinat présumé de plusieurs membres de la famille royale (notamment son frère George et ses neveux âgés de 10 et 12 ans…). Si la question fait toujours débat, tous s’accordent à dire que l’œuvre éponyme de Shakespeare a très largement contribué à entretenir cette image d’un usurpateur au caractère cruel et sanguinaire.
En lisant Richard III, vous satisferez donc la dévorante curiosité que vous inspire cette aura de mystère qui entoure son couronnement et plus largement ses deux années de règne. Comme vous êtes surement un petit historien en herbe, vous vous ferez un plaisir d’en savoir un peu plus sur la fin d’une dynastie !
Vous aurez aussi la chance de lire une œuvre de jeunesse de Shakespeare, où on sent clairement l’ébauche de deux autres pièces mythiques : Macbeth et Hamlet, toutes deux basées sur l’usurpation du pouvoir et sur la dualité inhérente à tout projet de trahison (le penseur y trouvera donc son compte).   Richard III aura plusieurs visage ; celui du scélérat qu’il offrira au lecteur et celui  de l’aimable frère/oncle/ami qu’il offrira aux autres personnages, le temps de mettre en place ces funestes projets. Mention spéciale pour les durs-à-cuire qui veulent des assassinats, du sang et des guerres de pouvoir (on aura quand même des gens poignardés, des noyés, des fantômes...!).
Enfin, la dernière raison qui vous donnera envie de lire Richard III, c’est de savoir qu’il s’agit de la pièce de Shakespeare qui a été la plus jouée au théâtre. Shakespeare offre une pièce qui fait partie de l’imaginaire collectif ("Un cheval, mon royaume pour un cheval!"), et qui fait figure de référence en matière de drame historique. Le tout porté par une écriture (et un traducteur, François-Victor Hugo, le fils de notre V. Hugo national) incroyable :
« Mais moi qui ne suis pas formé pour ces jeux folâtres, — ni pour faire les yeux doux à un miroir amoureux, — moi qui suis rudement taillé et qui n’ai pas la majesté de l’amour — pour me pavaner devant une nymphe aux coquettes allures, — moi en qui est tronquée toute noble proportion, — moi que la nature décevante a frustré de ses attraits, — moi qu’elle a envoyé avant le temps — dans le monde des vivants, difforme, inachevé, — tout au plus à moitié fini, — tellement estropié et contrefait — que les chiens aboient quand je m’arrête près d’eux ! — eh bien, moi, dans cette molle et languissante époque de paix, — je n’ai d’autre plaisir pour passer les heures — que d’épier mon ombre au soleil — et de décrire ma propre difformité. — Aussi, puisque je ne puis être l’amant — qui charmera ces temps beaux par leurs, — je suis déterminé à être un scélérat »

Dawn Rochelle Tucker et Bo Foxworth dans Richard III

vendredi 20 mars 2015

Chien du Heaume, de Justine Niogret

De quoi ça parle ?  

« On l'appelle Chien du Heaume parce qu'à chaque bataille, c'est elle qu'on siffle. Dans l'univers âpre et sans merci du haut Moyen Age, loin de l'image idéalisée que l'on se fait de ces temps cruels, une femme se bat pour retrouver ce qu'elle a de plus cher, son passé et son identité... »

Pour quel lecteur ?

 Chien du Heaume fait partie de ces romans qui ont du caractère. Partant de là, il est évident qu’il ne peut pas plaire à tous les lecteurs : seuls quelques rares élus pourront capter la beauté et le lyrisme qui se cache dans les pages de ce roman âpre et violent. Cependant, je peux garantir que ceux-là ne seront pas déçus !

Il faudra avoir le cœur accroché, car Justine Niogret n’épargne personne, pas même son personnage principal, une héroïne bien loin des stéréotypes du genre. En conséquence, ce livre plaira au durs-à-cuire qui ne craignent pas la vue du sang et qui n’ont pas peur d’aller errer dans les plus tristes hameaux du moyen-âge, au milieu d’un brouillard à couper au couteau. Il pourra également capter l’attention des historiens, à condition d’avoir un peud’imagination. Les penseurs pourront y trouver leur compte également, car l'auteur sème quelques beaux passages et livres quelques réflexions sur des thèmes tels que la religion, l'amour ou encore la quête d'identité.

Chien du Heaume, qui, pour information, a raflé le Grand Prix de l’Imaginaire et le PrixImaginales en 2010, est très difficile à décrire, en partie parce qu’il s’agit plus d’un roman d’ambiance que d’un roman d’action. La véritable richesse de ce livre réside dans le jeu de contrastes et de clair-obscur qui caractérise le style (incroyablement mature et envoutant) de Justine Niogret. L’onirisme et la poésie des chansons de geste côtoient toute la cruauté et le machisme d’une époque oubliée.

Le lecteur parfait sera donc un historien imaginatif et dur-à-cuire.


Un roman qui pourrait plaire à G.R.R. Martin ou aux rois maudits.


Pour connaitre ma critique (//mon éloge) personnelle, cliquez donc ici !
                                                                                                    

dimanche 15 mars 2015

Les enquêtes de William Monk de Anne Perry (tomes 1 et 2)

Concerne les deux premiers tomes des enquêtes de William Monk, à savoir :
-          Un étranger dans le miroir
-          Un deuil dangereux
De quoi ça parle ?
 « William Monk, inspecteur de police chevronné, se réveille à l'hôpital. Violemment agressé il y a quelques semaines, il a perdu la mémoire. Ce qu'il s'empresse bien de taire à ses supérieurs, qui auraient tôt fait de l'exclure manu militari de la police londonienne. Revenu à la vie professionnelle, il mène parallèlement une enquête sur le meurtre d'un jeune aristocrate, survivant de la bataille de Crimée, et sur lui-même.».

Pour quel lecteur ?

La réponse est : Le Détective et l’Historien ! Anne Perry nous offre plusieurs séries (Les enquêtes de William Monk, les enquêtes de Charlotte Ellison et Thomas Pitt, les Histoires de Noël…) de romans  policiers se déroulant à l’époque victorienne (1837 - 1901). Les enquêtes sont bien ficelées, pleines de psychologie et le cadre historique est parfaitement maîtrisé.

Ce qui est particulièrement appréciable c’est qu’Anne Perry nous présente des personnages très réalistes et crédibles, avec leurs défauts et leurs failles. Le fait de prendre un personnage principal amnésique constitue une prise de risque considérable de la part de l’auteur, et pourtant c’est une véritable réussite : cela permet au lecteur de découvrir le personnage principal de manière progressive, et de se sentir impliqué dans l’histoire.

L’Historien appréciera le sens du détail d’Anne Perry, et sa capacité de mise en perspective avec notre époque actuelle. Ainsi, au-delà du roman policier « So British » (qui fera peut-être de l’œil aux fans de Jane Austen ?) se cache un véritable roman social, qui aborde les questions de la condition de la femme, de l’importance des conventions sociales et du « paraitre », des conditions d’hygiène et des répercussions de la guerre de Crimée en Angleterre.

Il s’agit de romans policiers « à énigme ». Exit les bains de sang et les tueurs psychopathes, Anne Perry offre des petits Cluedo, au sein des familles aristocratiques de l’époque. Le vrai Détective se délectera donc de tant de mystères.

Enfin, les romans d’Anne Perry offrent des passages consacrés au procès, et (là c’est la juriste qui parle) c’est vraiment intéressant de voir l’intelligence avec laquelle ces scènes sont construites.

En résumé : chapeau bas !

Un roman pour les amis d'Agatha Christie (Coté Détectives) et de Florence Nightingale (Coté Historiens et militants)!

Retrouvez mes critiques Babélio en cliquant ici (tome 1) ou encore là (tome 2)

mercredi 11 mars 2015

Avaler du Sable - Antonio Xerxenesky

De quoi ça parle ?

« Mavrak est une petite ville du Far-West peuplée de pistoleros et de filles de joie, située au milieu d’un désert de sable brûlant. Ici, la sobriété est déraison. Depuis toujours, deux familles, les Marlowe et les Ramirez, s’opposent en une rivalité assassine. Celle-ci se voit bientôt ranimée par le meurtre lâche d'un des fils Ramirez. D’autant qu'un shérif justicier est envoyé à Mavrak pour faire régner la justice dans cette zone de non-droit. Les haines ancestrales vont se déchaîner, jusqu'à provoquer la résurrection des morts dans une atmosphère de fin du monde pleine de sable et de sang. ».

Pour quel lecteur ?
Le résumé attirera les Cow-boys, mais gare à celui qui croira avoir un vrai western entre les mains ! Appâtés par l’idée de passer un moment au far-west, le lecteur se collera les pattes dans une mélasse désagréable et collante, digne des pires papiers-tue-mouche ! Car quand on parle de résurrection des morts, ce n’est pas seulement une métaphore ! Alors que ce livre commence comme un (mauvais, à mon avis) western, il se termine comme un épisode de The Walking Dead, dans un vrai bain d’hémoglobine… !

Alors à quel type de lecteur se livra fait-il de l’œil… ?
La réponse est : le Déjanté ! Mais attention, ce sera le vrai Déjanté : il lui faudra de l’humour, beaucoup d’ouverture d’esprit un vrai goût pour les séries B.
Le Penseur aura lui-aussi sa chance, à condition d’avoir envie de psychanalyser un auteur qui a visiblement des problèmes avec son fils (et avec le fait d’écrire un roman potable, hum hum..).   
Le lecteur qui aimera ce livre sera sans un jeune lecteur qui aime les choses insolites.
Bref, un roman qui aurait sûrement plu à Rob Zombie ou à Quentin Tarantino !

Et moi et moi et moi ? Pour lire ma critique personnelle (ou plutôt mon déchaînement de fureur…) sur ce roman, cliquez ici !

mardi 10 mars 2015

Pavillons Lointains - M. M. Kaye

De quoi ça parle ?

« Des cimes enneigées de l’Himalaya aux palais des maharadja, de la Kyber Pass à Kaboul, ce roman retrace les années les plus tumultueuses du rattachement de l’Inde à l’empire britannique, au XIXème siècle. C’est aussi une émouvante histoire d’amour, au-delà des tourments et de la fureur de son époque, celle d’Ashton, un jeune anglais élevé comme un indien, et de Juli, une princesse indienne déchirée entre raisons de cœur et raisons d’Etat ».
  
A quel lecteur s'adresse ce livre ?
 Ce roman s’adresse aux dévoreurs et aux boulimiques-littéraire qui ne sont pas effrayés à l’idée de se lancer dans la lecture d’un roman de plus de 1000 pages. Ceci dit, le lecteur moins courageux pourra tenter l’aventure, car l’écriture fluide et agréable de M.M. Kaye font de ce livre un véritable page-turner.
Pavillons Lointains plaira tout particulièrement aux explorateurs, aux orientalistes et aux historiens, bref à tous les lecteurs qui ont envie de dépaysement et d’aventure.  
Pavillons Lointains raconte le destin sinueux d’un jeune anglais qui sera tour à tour un enfant des rues, la pupille d’un prince, un fugitif, un sahib anglais, mais surtout un homme tiraillé entre un sang anglais et un cœur indien.

Et le lecteur romantique dans tout ca ? Il ne sera pas en reste, car derrière la description d’une époque riche et complexe se cache une magnifique histoire d’amours contrariés. Les cœurs-de-guimauve retiendront leur souffle pendant une grande partie du livre, et en le refermant garderont un joli souvenir.
Bref, Pavillons Lointains est le roman du dépaysement, qui emmènera le lecteur dans les sommets enneigés de l’Himalaya, dans les sombres masures des paysans indiens, dans les plus beaux palais des maharadjas, puis dans les maisons des sahib anglais, et enfin sur des campements militaires lors de la révolte des Cipayes.

Le lecteur qui aimera ce livre sera sans doute un lecteur curieux et prêt à se laisser émerveiller

Un roman qu' Alexandra David Néel ou à Rudyard Kipling auraient aimé.

Et moi dans tout ca ? Retrouvez ma critique (élogieuse) personnelle sur Babelio en cliquant ici !