jeudi 26 mars 2015

Pourquoi devez-vous lire Richard III de Shakespeare

Tout d’abord, et c’est d’ailleurs le parfait prétexte pour vous en parler, parce qu’aujourd’hui, le 26 mars 2015, Richard III, dernier roi de la dynastie des Plantagenêt (c’est-à-dire d’une lignée ayant des origines françaises, hé oui!), a rejoint sa dernière demeure et a été inhumé à Leicester, pas moins de 530 ans après sa mort ! Pour ceux qui auraient besoin de se rafraîchir la mémoire, les ossements du roi ont été retrouvés en 2012 enterrés sous un parking.
La vie de Richard III soulève aujourd’hui encore pas mal de question, et beaucoup d’historiens tentent encore de démêler le vrai du faux, notamment en ce qui concerne les circonstances de son accession au pouvoir, et de l’assassinat présumé de plusieurs membres de la famille royale (notamment son frère George et ses neveux âgés de 10 et 12 ans…). Si la question fait toujours débat, tous s’accordent à dire que l’œuvre éponyme de Shakespeare a très largement contribué à entretenir cette image d’un usurpateur au caractère cruel et sanguinaire.
En lisant Richard III, vous satisferez donc la dévorante curiosité que vous inspire cette aura de mystère qui entoure son couronnement et plus largement ses deux années de règne. Comme vous êtes surement un petit historien en herbe, vous vous ferez un plaisir d’en savoir un peu plus sur la fin d’une dynastie !
Vous aurez aussi la chance de lire une œuvre de jeunesse de Shakespeare, où on sent clairement l’ébauche de deux autres pièces mythiques : Macbeth et Hamlet, toutes deux basées sur l’usurpation du pouvoir et sur la dualité inhérente à tout projet de trahison (le penseur y trouvera donc son compte).   Richard III aura plusieurs visage ; celui du scélérat qu’il offrira au lecteur et celui  de l’aimable frère/oncle/ami qu’il offrira aux autres personnages, le temps de mettre en place ces funestes projets. Mention spéciale pour les durs-à-cuire qui veulent des assassinats, du sang et des guerres de pouvoir (on aura quand même des gens poignardés, des noyés, des fantômes...!).
Enfin, la dernière raison qui vous donnera envie de lire Richard III, c’est de savoir qu’il s’agit de la pièce de Shakespeare qui a été la plus jouée au théâtre. Shakespeare offre une pièce qui fait partie de l’imaginaire collectif ("Un cheval, mon royaume pour un cheval!"), et qui fait figure de référence en matière de drame historique. Le tout porté par une écriture (et un traducteur, François-Victor Hugo, le fils de notre V. Hugo national) incroyable :
« Mais moi qui ne suis pas formé pour ces jeux folâtres, — ni pour faire les yeux doux à un miroir amoureux, — moi qui suis rudement taillé et qui n’ai pas la majesté de l’amour — pour me pavaner devant une nymphe aux coquettes allures, — moi en qui est tronquée toute noble proportion, — moi que la nature décevante a frustré de ses attraits, — moi qu’elle a envoyé avant le temps — dans le monde des vivants, difforme, inachevé, — tout au plus à moitié fini, — tellement estropié et contrefait — que les chiens aboient quand je m’arrête près d’eux ! — eh bien, moi, dans cette molle et languissante époque de paix, — je n’ai d’autre plaisir pour passer les heures — que d’épier mon ombre au soleil — et de décrire ma propre difformité. — Aussi, puisque je ne puis être l’amant — qui charmera ces temps beaux par leurs, — je suis déterminé à être un scélérat »

Dawn Rochelle Tucker et Bo Foxworth dans Richard III

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