De quoi ça parle ?
« Au bout de dix heures de combat, quand j'ai vu la flotte du Chah
flamber d'un bout à l'autre de l'horizon, je me suis dit : «Benvenuto, mon
fagor, t'as encore tiré tes os d'un rude merdier». Sous le commandement de mon
patron, le podestat Leonide Ducatore, les galères de la République de Ciudalia
venaient d'écraser les escadres du Sublime Souverain de Ressine. La victoire
était arrachée, et je croyais que le gros de la tourmente était passé. Je me
gourais sévère. Gagner une guerre, c'est bien joli, mais quand il faut partager
le butin entre les vainqueurs, et quand ces triomphateurs sont des nobles
pourris d'orgueil et d'ambition, le coup de grâce infligé à l'ennemi n'est
qu'un amuse-gueule. C'est la curée qui commence. On en vient à regretter les
bonnes vieilles batailles rangées et les tueries codifiées selon l'art
militaire. Désormais, pour rafler le pactole, c'est au sein de la famille qu'on
sort les couteaux. Et il se trouve que les couteaux, justement, c'est plutôt
mon rayon... »
Pour quel lecteur ?
« Plus le gâteau est gros et plus on a les crocs". Avec cette
phrase, Benvenuto a résumé sa propre histoire. Car Gagner la guerre, c'est
surtout se partager le butin: la gloire, l'influence politique, l'argent, la
clientèle. Les vainqueurs se retrouvent comme des loups autour d'une carcasse.
Une fois la guerre gagnée, il faut montrer les crocs, et parfois il faut même
mordre, en visant la jugulaire. Léonide Ducatore est un des vainqueurs, mais
pour lui une nouvelle guerre commence, pour devenir maître absolu de Ciudalia,
ville d'intrigues, de démagogie et de voyous! Et pour cela Ducatore compte sur
notre héros: Benvenuto ! Vous allez le détester, avoir pitié de lui,
l'adorer...! Avec son langage fleuri, son bagou, son cynisme, il entraîne son
lecteur dans le récit de ses aventures. Dès le premier chapitre, il vous
surprend, et vous comprenez vite qu'il a toujours un tour d'avance sur vous! Du
« crapule Fantasy » pure souche !
Pour survivre dans ce monde impitoyable (et ne pas finir avec un couteau
dans le dos !) il faudra être sacrément Aventurier et être un lecteur
Imaginatif. Mention spéciale pour les Durs-à-cuire, parce que Gagner la guerre
taille dans le vif et n’hésite pas à faire couler le sang !
Ce roman est une pépite, que ça soit au niveau du style (recherché,
effronté, mélange complexe entre une langue riche et un argot cynique) ou de
l'histoire (tout en lutte de pouvoir, double jeu et d'un machiavélisme
ahurissant)! Rajoutez des capes, des épées, des fantômes et de la magie noire,
vous obtiendrez un des meilleurs romans de Fantasy que j'ai pu lire!
Règlements de compte, calculs politiques, magie noire, assassinats; je
ne peux que vous inviter à plonger dans ce roman époustouflant! En vous
conseillant tout de même d’avoir un sacré appétit de lecture, parce que ce gros
bébé fait environ 1 000 pages !
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